Héritage et Spiritualité
Kathleen Connell, RSCM
Le mois de juin est centré sur deux fêtes importantes : vendredi, la fête du Sacré-Cœur de Jésus et, le lendemain, la fête du Sacré-Cœur de Marie. Deux cœurs, côte à côte, débordants d’amour. Deux jours pour célébrer Jésus le Fils et Marie sa mère, notre mère en tant que Religieuses du Sacré-Cœur de Marie, et notre mère à tous.
Dans son livre, Pour qu’ils aient la Vie, Mary Milligan RSCM, relève la centralité du Cœur de Jésus dans la vision christologique de Jean Gailhac. Dans les écrits de notre fondateur, le Cœur de Jésus est un cœur aimant, la source de la grâce, un lieu de présence, de rencontre, et les sœurs doivent demeurer dans Son Cœur et unir leur cœur au Sien et être unies comme une seule personne.
Ce qui est absent des écrits de J.Gailhac sur le Sacré-Cœur de Jésus, c’est l’accent mis sur la réparation (consoler le cœur de Jésus) ainsi que toute référence à sa “domination universelle“, deux dévotions tellement importantes au 19ème siècle. Au lieu de cela, explique Mary Milligan, “J.Gailhac centre son attention presque exclusivement sur le Cœur de Jésus symbole, source et foyer de la vie intérieure de Jésus. Ce centrage reflète le rôle primordial que tient, dans sa vision de foi, l’identification à la Personne du Christ.” (Voir M Milligan, 60-61)
Il est très clair que J.Gailhac a donné aux RSCM une spiritualité centrée sur le Christ, axée sur la transformation en Christ. “Revêtons-nous de Jésus-Christ. Soyons tellement un avec Jésus-Christ que nous puissions dire en vérité : ‘Je vis, non, ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi’. ” (GS/23/VIII/84/A). Il écrit encore: ” Former pleinement Jésus-Christ en vous, vivre de Jésus-Christ, n’avoir qu’une même vie avec Jésus-Christ, être d’autres Jésus-Christ, c’est le terme de votre course. ” (GS/1/III/81/A)
Pourquoi alors le Père Gailhac donne-t-il le nom de Religieuses du Sacré-Cœur de Marie (RSCM) à sa nouvelle congrégation ? Rosa do Carmo Sampaio, RSCM, pose cette question dans sa réflexion « Signification d’un nom ». Est-ce parce qu’entre 1830 et 1860, le vocable Cœur de Marie était souvent utilisé par les congrégations en France ? J.Gailhac l’a-t-il choisi “parce que Marie est un modèle qui s’identifie parfaitement aux courants théologiques de l’époque et à la condition humaine et féminine des religieuses?” Peut-être, mais Rosa do Carmo suggère un motif plus profond : « Pour J.Gailhac, la vie des Sœurs du Sacré-Cœur de Marie doit être de suivre Jésus, imitant Marie parce que « l’esprit de Marie est absolument l’esprit de Jésus-Christ »… « Marie fut celle qui participa pleinement à la mission salvatrice de Jésus. Elle fut sa parfaite coopératrice à l’œuvre de la rédemption. C’est dans son cœur que se sont développés la disponibilité à Dieu, l’amour pour les autres et le don de soi à Jésus Christ. Le cœur de Marie est, pour le Père Gailhac… le symbole de la fidélité, du “oui ” total à Dieu”. (Voir Sampaio, Un cheminement dans la foi et dans le temps Vol. I, 178 à 180)
Le Père Gailhac rappelait souvent aux sœurs : ” Vous êtes les filles du Sacré-Cœur de Marie, de ce cœur qui a tant coopéré à la Rédemption du monde. Ce nom seul vous dit quel doit être votre dévouement, avec quel zèle vous devez coopérer à la sanctification des âmes pour glorifier Dieu pour l’éternité.” (GS/10/VI/84/A).
Le Père Maymard, prêtre du Bon Pasteur qui a vécu avec J.Gailhac, affirme que la dévotion de notre fondateur au Cœur de Jésus est inséparable de celle qu’il portait au Cœur de Marie. Comment penser à la mère sans se souvenir de son Fils ? Comment aimer le Fils sans aimer sa mère ?
Je terminerai cette réflexion par une lettre d’encouragement écrite par le Père Gailhac à “Mes bien chères et bien-aimées filles en Jésus-Christ”. Il la rédige peu de temps avant sa mort et pour lui, Jésus et Marie semblent inséparables. Les deux cœurs ne font plus qu’un. En voici un extrait:
“Quelle doit être votre vie ? Celle de Jésus et de Marie ! En imitant la vie de Marie, vous imiterez la vie de Jésus-Christ, car il est le Soleil divin de la sainteté et Marie en est l’admirable reflet… Quelle est en effet, votre mission ? Vous la connaissez déjà. Vous devez représenter Jésus par votre ressemblance avec Marie…vous êtes créées sœurs du Sacré-Cœur de Marie comme elle est l’image de Jésus… Filles de Marie, marchez sur les traces de votre époux et de votre mère. Qu’elle est belle et consolante votre vocation ! Vous n’avez qu’à suivre Jésus et Marie”. (GS/17/II/87/A)
Kathleen Connell, RSCM